La transition énergétique, une décision politique !

La transition énergétique est une composante essentielle de la transition écologique. Le passage du système énergétique actuel vers un modèle durable et économiquement viable est semble-t-il en marche. Cette transition suppose une évolution de nos modes de conception, de production et de consommation de l'énergie. Notre modèle économique devrait évoluer dans un premier temps vers une situation de transition qui repose sur un mix et une meilleure efficacité énergétiques et, à terme, sur un bouquet basé exclusivement sur des ressources énergétiques renouvelables et soutenables pour la planète.

 

Cette transition énergétique est une évolution inéluctable pour prendre en compte des enjeux environnementaux à la fois systémiques et complexes. Cela interroge notre responsabilité intergénérationnelle et tient à la fois à l’exploitation de ressources non renouvelables, l’appauvrissement de la biodiversité, les changements climatiques et la multiplication des risques sanitaires environnementaux. Cette transition était d’autant plus engagée qu’elle se trouvait confortée par deux facteurs non négligeables : l'enchérissement régulier des énergies fossiles -en 2008, Goldman Sachs prévoyait un baril à 200 dollars- et des inégalités criantes dans les sources d’approvisionnement. Ces deux éléments se conjuguaient et poussaient nombre de pays à renforcer leur indépendance énergétique en privilégiant certaines énergies alternatives.

 

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Si les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de la COP 22, devront rester un moteur incontestable pour la transition énergétique, le contexte économique global a beaucoup évolué. Le baril de pétrole est désormais à moins de 50 USD.

Une inversion de la situation conjoncturelle potentiellement démobilisatrice dans un temps où le modèle économique et social échafaudé pour la transition énergétique est toujours loin d’être établi.

L’avenir des hydrocarbures reste encore pleinement ancré dans le paysage, dans un monde qui est passé en quelques années des prémices de pénurie d’énergie au trop-plein. L’horizon du peak oil est de plus en plus lointain. Une croissance économique mondiale durablement modérée amplifie l’incertitude sur les débouchés et entraîne encore plus avant la baisse des cours.

 

Le modèle économique entrevu pour la transition énergétique est sans doute à actualiser. Il est même paradoxal de noter que plus la transition énergétique progressera, plus la pression à la baisse sur les prix des hydrocarbures serait forte présentant de la sorte un meilleur avantage comparatif.  La décision de poursuivre et concrétiser les engagements en matière de transition énergétique deviendrait alors en grande partie politique. Le court-termisme alarmant de nos gouvernants n’est pas de nature à conforter les décisions et les visions d’avenir.  Cela n’est pas à proprement parler une bonne nouvelle.

Hakam EL ASRI

Écrire commentaire

Commentaires: 0