Lions on the move II

De grandes interrogations subsistent sur les évolutions économiques de l’Afrique et la dynamique de rattrapage qui avait été amorcée il y a quelques années. Qu’en reste-t-il?

Après le succès du premier rapport, publié en 2010, un nouvel opus vient d’être publié en septembre 2016 : ‘Lions on the move II : Realizing the potential of Africa’s economies  de McKinsey Global Institute (MGI)

Cette étude fait le point sur les évolutions observées depuis la première édition et relève sans surprise des divergences notables dans les économies africaines. Certaines poursuivent leur chemin de croissance accélérée, d’autres marquent un net ralentissement en raison notamment des prix à la baisse des matières premières (pays producteurs de pétrole notamment) et de certaines instabilités sociopolitiques (telles les révolutions arabes).

Malgré cela, les fondamentaux du continent demeurent solides, un grand effort reste cependant requis de la part des gouvernements et des forces économiques pour tirer le meilleur parti du potentiel africain.

A l’horizon 2020, l’Afrique, dans son ensemble, devrait connaitre la deuxième croissance la plus rapide du monde.

Dans un monde vieillissant, l'Afrique bénéficie d'une population jeune et en croissance. Elle est en passe d’avoir le taux d'urbanisation le plus rapide dans le monde. La création d'emplois reste supérieure à la croissance de la population active et devrait être plus importante que celle de la Chine ou de l’Inde à l’horizon 2034 .

Selon le rapport,  l'Afrique peut doubler la valeur de sa production manufacturière, de 500 milliards d’USD aujourd'hui à 930 milliards d’USD en 2025, si les pays concernés prennent des mesures décisives pour créer un environnement favorable à l'émergence industrielle.

Le rapport souligne le rôle important et le potentiel de croissance des grandes entreprises. Le continent compte à peine 400 entreprises dont le chiffre d’affaire annuel est de plus de 1 milliard d’USD. Ces sociétés sont généralement  plus rentables que leurs homologues établies ailleurs dans le monde. Pourtant, l'Afrique n’en est qu’à 60 % de son potentiel optimal en la matière, comparativement à d’autres régions comme le  Brésil, l'Inde, le Mexique ou la Fédération de Russie.

Selon l’étude, de grandes opportunités subsistent à travers le continent pour les entreprises qui adoptent des perspectives de long terme et établissent des partenariats locaux.

Six secteurs en particulier semblent porteurs pour le MGI : le commerce de gros et de détail ;  les secteurs de  l'agroalimentaire, de la santé ;  les services financiers ; l'industrie légère et la construction.

Ces secteurs présentent d’ores et déjà une forte croissance et une rentabilité élevée, alors même que leur consolidation financière reste faible.

Les politiques gouvernementales doivent par ailleurs, selon le MGI, se focaliser sur six priorités fondamentales. MGI milite pour une meilleure mobilisation des ressources domestiques, notamment fiscales (un doublement des prélèvements serait accessible sans taxations supplémentaires!) ;  la diversification économique ; le développement des infrastructures et de l’urbanisation ainsi qu’une plus grande intégration régionale. Une mention particulière est réservée au développement des compétences en correspondance avec les besoins des marchés où beaucoup reste à faire, notamment pour faire face à la fuite des cerveaux du continent.

MGI persiste et signe dans ce nouvel opus. Les opportunités semblent immenses pour l’Afrique, au prix d’un certain nombre d’efforts. L’accélération du développement n’est pas hors de portée veulent croire les rédacteurs du rapport.

En dehors des analyses économiques et des lignes directrices qu’elle préconise, c’est aussi un message d’optimisme et d’espoir que délivre cette étude.



Indice de Perception de la Corruption 2015

Un monde sans progrès!

 

La corruption se définit en droit comme "l'agissement par lequel une personne investie d'une fonction déterminée, publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre ou une promesse en vue d'accomplir, retarder ou omettre d'accomplir un acte entrant, d'une façon directe ou indirecte, dans le cadre de ses fonctions".

Qu’elle soit active ou passive, la corruption implique un détournement, une violation des devoirs qui incombent à ceux qui détiennent une charge, des responsabilités ou des prérogatives.

Selon Transparency International, "la corruption consiste en l’abus d'un pouvoir reçu en délégation à des fins privées".

La corruption est intimement liée au pouvoir et plus globalement au défaut de bonne gouvernance.

Phénomène social complexe par essence dissimulé et diffus, la corruption sape la confiance dans les institutions et compromet le développement économique et humain. Elle reste l’un des éléments clés dans les conditions de décollage pour les pays tiers et est, à ce titre, une composante essentielle dans les tentatives de renforcement de capacités des pays tiers.

Si l’on en croit le dernier classement réalisé par Transparency International, le phénomène et les problématiques qu’il suppose sont toujours d’actualité. Le monde n’a pas beaucoup progressé en la matière. Entre 2012 et 2015 l’indice agrégé a quasi stagné, passant de 7102 à 7152 pour l'ensemble des 168 pays pris en compte.

Il convient de noter que l’indice l’IPC (Indice Perçu de Corruption) est un indice composite, issu d’un certain nombre d’études, d’observations et indices de gouvernance qui n’appréhende que de façon indirecte le degré de corruption. L’IPC ne rapporte que la perception de la corruption dans les institutions publiques des territoires et pays concernés. Il s'agit en effet d'un phénomène relativement malaisé à quantifier. La corruption est une activité illégale, cachée dont le nombre de poursuites judiciaires engagées n’en constitue nullement l’indicateur.  Celui-ci ne fait que rendre compte du niveau de répression et de la lutte engagée contre ce fléau. Paradoxalement, un nombre d’affaires judiciaires en augmentation présage, du moins pour un temps, d’une évolution favorable et ne peut constituer un révélateur valable du degré de corruption dans le pays considéré.

 

La notation étant réalisée de 0 à 100 du moins vertueux au plus vertueux, on notera que moins d’une dizaine de pays supplémentaire ont passé la moyenne fatidique de 50 ces quatre dernières années. Ils étaient 46 à avoir une note de plus de 50 en 2012 contre 54 pour l’indice de 2015. Les progrès sont d’ailleurs assez disséminés et, pour une fois, ne concernent pas nécessairement les pays, majoritairement occidentaux, qui étaient relativement bien positionnés en 2012.

 

L’Afrique Sub-saharienne reste malheureusement toujours aussi mal classée, elle occupe désespérément le bas du tableau. Seuls 5 pays dépassent le seuil fatidique de 50 points. A noter le positionnement exceptionnel du Botswana qui fait mieux que beaucoup de pays européens, suivi par le Cabo Verde, l’ile Maurice, le Rwanda et les Seychelles.

 

La zone MENA (Middle East and North Africa : Moyen-Orient et Afrique du Nord) reste pour sa part dans des situations particulièrement contrastées avec certains pays du golfe qui paraissent exemplaires en la matière ; des situations post soulèvements révolutionnaires qui consacrent la dégringolade et le recul de la bonne gouvernance dans ces pays et des pays maghrébins qui se prévalent souvent de créer un modèle à part à cela près que la corruption y semble tristement consubstantielle.

 

Hakam EL ASRI

 

Plus d'information sur le site de : Transparency International